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Un rêve de papillon
27 décembre 2006

Métro tard

Voulez-vous croiser les gens les plus bizarres? Accompagnez-moi dans le métro.

_ Une vieille dame se met à gesticuler, à enchaîner les mots sans queue ni tête en levant haut les bras, à s'accroupir pour regarder sous les sièges: "Petit petit petit!" , et à tourner autour d'un poteau tout en déclamant sa prose d'une voix chevrotante. Le numéro a entraîné plusieurs personnes entre les griffes du fou rire impossible à maîtriser... Son baragouin était un mélange entre deux textes de Bobby Lapointe et d'un poète quelconque. Ah bon.

_ Un jeune d'une quinzaine d'années regarde les gens d'un air complètement débile, en souriant niaisement, avec des yeux de cocker. Un groupe de jeunes se jette sur lui. C'est tout à fait normal. Autour du cou, il avait une pancarte "Je suis malheureux. Je veux un câlin. " Mon regard stupéfait tombe alors sur une jeune fille avec des sabots en poil de quelque chose, avec des chaussettes jaunes. Les chaussettes, passe encore, mais le poil de chameau....

_ Un type à l'air aimable comme une porte de prison, avec le profil de l'évadé. Je n'ose pas le regarder. Son téléphone sonne. Sûrement un appel de son pote de cellule. Un retentissant "Allôôô Doudouuuche?" surgit des profondeurs de sa voix qui porte dans tout le wagon. "Qu'est-ce que t'as mangé à midi? ......Des petits pois?.......C'était bon?" Au bord du fou rire, je sors du wagon.

_Une nana, accompagnée par une amie, abaisse un strapontin, avec l'intention de s'asseoir. Ce faisant, elle fait tomber sa valise. Elle la ramasse, et titube en avant tandis que le métro freine. Elle recule et se penche pour s'asseoir. Ses fesses entament une valse endiablée avec le sol, et le wagon est hilare.

_ Sept heures du matin. Une femme à l'autre bout du wagon entreprend de chanter à tue-tête: "Jésus est mon rocheeeeeer"... Ah bon, où ça?

_ Un homme d'environ cinquante ans complètement ravagé, imite un canard en faisant croire qu'il est dans son sac. "Dis pardon à la dame ... couaacouaaacouaaaac. "  Répétez cela vingt fois, vous comprendrez le fait que les pièces pleuvaient... et pleuraient.

_ Deux femmes entre quarante et cinquante ans, au look panthère qui se veut sexy et diablement félin, entrent dans une conversation absolument fascinante. Quarante fautes de grammaire par phrase, avec le zézaiement adéquat à leur apparence fatale: "Les hommes de toutes une façon, moi je te dis, hein, ils sont tous les mêmes et pareils, c'est les jeux vidéos... C'est trop vrai! ...Non mais t'as vu? A la boîte il danse trop bien Gérard... Mais c'est un fils à sa maman, t'y vois pas qu't'y as pas bien vu?" Non? Sur les yeux de Tonton Maurice?

_ Cet homme truculent, qui parle et rit grassement avec ses amis, reste gravé dans mes souvenirs. Ses amis sortent à la station Bercy, et lui, resté dans le wagon, lance d'une voix puissante: "Eh! Bercy.... De rien! T'as compris? Bercy, de rien!!! Ahaha!"  Quel talent!

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Commentaires
S
Tu a l'oeil malicieux quand tu prends le métro...la concentration d'êtres humains au mètre carré est telle qu'on y trouve de tout...merci pour ce voyage burlesque...
L
Féline, la prochaine fois que je viens à Paris, on se fera un petit "porte d'Orléans - Clignancourt" ? <br /> J'ai des souvenirs de métro, mais beaucoup moins pittoresques que les tiens...
Un rêve de papillon
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