Alouette, je te plumerai la goutte.
Sans rancoeur aucune, sans rancune au coeur, les lagunes meurent au coin des dunes, j'aime les moeurs des belles prunes, les brunes sont mûres au beurre et les carottes sont cuites.
Quand souffle la vie, quand s'ouvre la nuit, quand les heures roucoulent sous la pluie, les parapluies s'envolent et les soucis fuient.
Musaraigne de mon peigne et souris de pain rassis, l'espoir gonfle quand les mots ronflent, les chants du règne enchantent les arènes où les reines tiennent les rênes de la haine.
Une goutte. Perlée. Luisante. Brillante. Chatoiement, bruissement, je l'écoute. Elle rit. Une goutte rit dans la gouttière. Elle rit mais ne crie pas. Elle roule sous mes doigts. Elle chante sous les lampes. Elle s'amuse de ses ruses, sa Muse m'use de sa voix belle et ronde. Ronde et belle. Le Jour glisse derrière la goutte qui ne le voit pas. Le Jour se lèche les babines, il aimerait avaler la goutte, l'assécher, la faire danser sur son palais, un palais lumineux, aux verrières immenses et aux verts d'hier, la goutte se lance. Un double axel et un triple saut, la goutte s'enivre de vitesse, boit la vie à pleines emperlures, se gorge de bonheur. Le grand saut, du haut de sa gouttière. En s'éclatant contre le sol, elle a vu le Jour, qui lui a sourit. La goutte s'est évanouie, elle a emperlé la chaussée.
Chaussée en chaussettes, Jour d'amour et goutte qui goûte un bout de route.